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samedi 18 juillet 2015

Tamtatouchte

Il est des envies de voyages ancrées en soi depuis...depuis...bien plus loin que le désir que l'on en a!
Il est des rencontres du hasard, des caprices, des coups de pouces bien plus forts que les programmes les plus carabinés!
Il est des inspirations subites, impulsions et autres idées loufoques bien plus lumineuses que les plans construits longuement!
Il est des souvenirs qui s'installent au quotidien même quand le chemin buissonne déjà dans le lointain....

Tam...

Une majestueuse porte de ksar , un peu brute et lisse sous les doigts, regardait l'agitation dans le château de terre... Elle avait tout son temps, descellée et posée contre un mur de chaux... 
Elle avait déjà vécu des vies d'hommes, quelques unes bonnes avec les enfants courant dans tous les sens et la claquant au gré de leurs éclats de rires... et d'autres , plus sombres, dans le silence et le recueillement à la pâle lumière des bougies et de l'encens...
En cette fin d'après midi, dans la douce fraîcheur des murs épais et des rais blancs serrés, elle sentit le frôlement du chat, furtif passage, et le regarda se frotter outrageusement contre la femme alanguie sur les canapés de sol recouvert de tapisseries aux couleurs chamarrées.
Cette femme était arrivée sept jours auparavant seulement. Poussiéreuse, fatiguée par la chaleur écrasante...
D'ordinaire, les occidentaux arrivant jusqu'ici, étaient euphoriques et exubérants, possessifs et enclin à une consommation excessive de tout, clichés locaux compris...
Elle? Elle était apparue, et le château de terre s'était fait cocon, nid, asile comme si elle revenait d'une marche un peu longue, un peu loin mais que voilà, elle était attendue et là, doucement, chez elle....
Le château la recouvrait, le chat l'adorait et le maître des lieux était circonspect.... déstabilisé par la facilité avec laquelle les choses se mettaient en place autour d'elle.
Elle naviguait entre les pièces et les étages, s'oubliait sur la terrasse, semblait se perdre dans les collines alentour et pourtant... comme si un fil de soie brillant la reliait au coeur de l'habitation, se retrouvait toujours...
Depuis une heure elle était allongée, un thé encore chaud posé devant elle, sur le sol , elle fixait les lames de soleil tombant du puit de lumière et la danse frivole des paillettes d'or à l'intérieur...
Elle n'entendit pas l'homme venu pour lui parler mais qui resta silencieux entre les deux pièces dans l'épaisseur brune de la terre pressée, une ombre, et qui retourna sans bruit à d'autres occupations... l'esprit empêtré par cette vision d'osmose entre la femme et le lieu...
Lieu qu'il avait mis des mois, des années à faire revivre, et qui sans crier gare lui échappait pour l'envelopper elle...
Bien sur , il l'avait invité, bien sur, il avait été sincère...mais jamais il n'avait imaginé qu'elle oserait... 
Un autre continent, une autre langue, sans penser à la culture et aux coutumes, aussi lointaines que la terre et la lune!
Le chat ronronna plus fort,  insistant de son museau tiède contre le cou blanc et frais, elle sourit dans le vide et du bout des doigts le caressa...
Il se roula en boule contre son ventre et s'endormit, ronronnant encore

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